Passage dans les jardins du Luxembourg
Il fait chaud sur Paris et mon train ne partira que dans une heure et demie. Cette heure, je ne la tuerai pas. Arrêt métro Saint Sulpice, direction palais du Luxembourg.
Dans les allées du jardin, autour du bassin qu'une armada innofensive sillonne, les chaises vertes ont été disséminées par la foule des flâneurs. Le soleil a fait fondre la pellicule superflue de leurs vêtements. Les peaux, les épaules se dévoilent sous le regard de marbre des statues. Des torses dénudés s'offrent aux rayons. Des lèvres de miel se soudent à d'autres lèvres, imperméables à la rumeur ambiante. Je pense à celles d'une femme...
Assise sur la margelle de la pièce d'eau, une naïade se déploie, étend ses longues jambes. Aura-t-elle disparu dans le bassin quand les grilles se refermeront ? Je ne pourrai pas le savoir. Comme je ne saurai rien des mystères cachés dans l'ombre de sa jupe retroussée.
A la buvette des marionnettes la bière est mousseuse et fraîche. Je la déguste, à petites gorgées, à l'ombre des frondaisons de la terrasse. Les portes du théatre s'ouvrent, déversant un flôt d'enfants chahuteurs que de jeunes mamans ou de vieilles mamies grondent pour la forme. Leurs jérémiades se fondent aux cris des petits, se dissolvent dans l'azur. Des dames agées sirotent leur thé, trois adolescentes pouffent en s'empiffrant de crème glacée. A côté, les rebonds du ballon résonnent sur le petit terrain de basket. Les générations se côtoient, se croisent dans cette bulle fragile, déposée au milieu de la ville frénétique.
"Les heures heureuses
existeront
tant que des petits bateaux
vogueront sur
le bassin du Luxembourg"
(écoute du moment : http://www.youtube.com/watch?v=UVnBLxuGQ9Q&feature=related
je peux en fournir une traduction. Les paroles sont assez intéressantes)